Alors que, le 31 janvier dernier, le Conseil d’Etat confirmait la fermeture de la mosquée As Sounna de Marseille, l’imam du lieu de culte pourrait bien devoir quitter la France. El Hadi Doudi est en effet menacé d’expulsion, il devrait connaître la décision de la justice ce jeudi puisqu’il est convoqué au TGI de Marseille, où il passera devant une commission d’expulsion. Les trois juges rendront alors un avis consultatif, c’est alors le ministère de l’intérieur qui décidera ou non de signer un arrêté d’expulsion. Le ministère devrait vraisemblablement suivre l’avis du TGI.
La décision de fermeture administrative de la mosquée — pour six mois — devrait peser dans la balance : car c’est l’imam qui est incriminé dans l’arrêté préfectoral. La teneur des prêches de l’imam, estiment les autorités, « a conduit plusieurs fidèles de la mosquée à rejoindre la zone irako-syrienne. » L’imam a lui-même reconnu avoir « produit des écrits qui ont pu inciter à la haine. »
Le conseil d’Etat avait confirmé que la mosquée avait « diffusé, à travers les prêches de son imam, dont certains sont publiés sur son site internet, des appels à la haine et à la violence contre les Chrétiens, les Juifs, les chiites et les personnes adultères, en des termes particulièrement explicites. »
« S’il y avait eu le moindre risque, les services de renseignements l’auraient repéré »
Mais ce qui étonne, c’est le timing des autorités françaises : les responsables de la mosquée indiquent que les propos incriminés « ont été tenus il y a dix ans. » El Hadi Doudi est présent en France depuis 1984 et il est l’une des figures du salafisme quiétiste. Selon un ancien collaborateur du ministère de l’Intérieur, depuis son arrivée en France, El Hadi Doudi est suivi de près par les services algériens qui « ont toujours dit qu’il n’y avait pas de problème. »
L’avocat de l’imam met quant à lui en doute les prêches incriminés. Des « soi-disant prêches sur un site internet qui n’a aucun lien avec la mosquée » et dont « on ne sait pas quand ni où ils ont été prononcés. Tous les fidèles affirment ne jamais avoir entendu d’appel à la radicalisation », explique le juriste. L’avocat assure que « s’il y avait eu le moindre risque, les services de renseignements l’auraient repéré, surtout pendant l’Etat d’urgence. »