Dans les petits actes de la vie quotidienne, surtout pendant le Ramadan, les musulmans peuvent montrer plusieurs formes d’impatience. Lorsque, pour certains, la « nourriture est sacrée » et qu’elle leur est retirée, ils sont constamment sur les nerfs, prêts à bondir à n’importe quelle occasion. Or, le Ramadan nous appelle justement à infléchir ce type de comportement.
Les notions d’amour et de pardon en Islam
Il faut en effet comprendre que l’interdiction faite aux musulmans de manger et par là, l’obligation de jeûner, s’inscrit dans une réflexion sur soi-même et dans un dépassement de soi. Ces petites choses qui nous gênent devraient être l’occasion pour nous d’avancer, de nous réformer. Parmi les éléments que l’on oublie souvent de mentionner – au grand dam de nos détracteurs – il y a le pardon et l’amour du Prophète de l’Islam.
Il est vrai que lorsqu’on entend parler de « pardon » ou encore d’« amour », on pense tout de suite à l’Eglise catholique dont les prêtres ponctuent souvent leur phrase de l’amour du Christ. Il ne faut toutefois pas oublier que les musulmans doivent être un gage d’amour et de pardon dans la société tout au long de l’année, mais plus particulièrement pendant le Ramadan. Plusieurs exemples de la vie du Prophète en témoignent mais nous allons nous concentrer sur un seul.
L’exemple du Prophète à Ta’if
Parmi les exemples qui ont bercé ma jeunesse, se trouve celui du Prophète à Ta’if. S’apercevant que les Mecquois avaient levé les interdictions sur les musulmans, le Prophète de l’Islam avait décidé d’aller à Ta’if afin d’y propager son message. Cette ville se situait à près d’une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la Mecque. Le Prophète de l’Islam y restera dix jours et s’entretiendra avec plusieurs chefs de la ville.
Tous ces chefs ont non seulement refusé le message de l’Islam porté par le Prophète de l’Islam mais ils ont également commencé à se moquer de lui et à le tourner en ridicule. C’est en réalité le dénommé Abd Ya-Lail qui va véritablement instiguer en arrière-fond afin que toute la ville de Ta’if s’oppose au message du Prophète de l’Islam. Après s’être moqué de lui, il lui enjoint de quitter la ville aux motifs qu’il ne trouvera aucune oreille qui va prêter attention à son message.
Lorsqu’il quitta la ville, plusieurs jeunes et autres vagabonds de la ville se mirent à lancer des pierres sur le Prophète de l’Islam et tout son corps fut couvert de sang. Tout en lui jetant des pierres sur une distance de 5 kilomètres, les habitants lui lançaient des injures continuellement et l’insultaient âprement.
Outre la patience du Prophète de l’Islam dans cette situation, il faut observer la majesté de son amour et son pardon. Alors qu’il trouva refuge chez le dénommé Utbah bin Rabi’ah, il pria « Ô mon Dieu ! Je me suis plaint de mon incapacité, de mon inhabilité et de mon impuissance devant les hommes. Ô mon Dieu, Tu es le plus miséricordieux, en ce que Tu es le Gardien et le Protecteur des faibles et de ceux qui sont sans aide – Tu es mon Dieu. Je cherche refuge dans Ta lumière. Il s’agit de cette lumière qui a pour effet d’éloigner toute forme d’obscurité et Tu es celui qui définit l’héritage des faveurs divines dans ce monde et dans l’Au-delà ».
Or, l’on rapporte que le Prophète de l’Islam reçut la révélation d’un ange lorsque les habitants de Ta’if le pourchassaient. L’ange lui dit « Dieu m’a envoyé vers toi en m’indiquant que si tu me le commandes, je dois détruire ces deux montagnes afin de les refermer sur la vallée dans laquelle habitent ces gens ». Ce sur quoi le Prophète de l’Islam a répondu, toujours avec autant de majesté, « Non ! Non ! Je crois fermement que Dieu le Tout-Puissant donnera naissance à des individus parmi eux qui vont croire et adorer Dieu l’Unique ! »
Quelle leçon de patience, d’amour et de pardon !
* Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur spécialisé sur les questions d’Islam et de laïcité. Retrouvez ici sa page Facebook.