La « loyauté des services de police » est contestable, dans l’affaire Tariq Ramadan. Pour Me Emmanuel Marsigny, l’avocat de Tariq Ramadan interrogé ce matin sur Europe 1, le fait que des scellés aient été dissimulés est troublant, notamment lorsque l’on sait que ceux-ci étaient à décharge de son client. « Nous avons trouvé des emails qui datent des jours suivants les faits de viol dont elle (Paule-Emma A., ndlr) se plaint, explique Me Marsigny. Elle raconte une version totalement différente de ce qu’elle raconte à la police aujourd’hui. »
Problème, insiste l’avocat : « Les policiers qui avaient ces éléments ne l’ont même pas interrogée dessus. » Par ailleurs, Emmanuel Marsigny conteste une photo versée au dossier : on y voit Paule-Emma A. au lendemain des faits supposés. Cette photo « censée attester des coups qu’elle a subis (…) n’avait pas été imprimée, elle l’a été à ma demande et elle ne montre rien », assure l’avocat qui dénonce des failles dans l’enquête et remet en question la « santé mentale » de la deuxième plaignante.
L’affaire prend un tournure politique
Sur l’antenne d’Europe 1, le ton d’Emmanuel Marsigny a été offensif. L’avocat a estimé que Tariq Ramadan « ne bénéfice pas d’un traitement équitable » et que « la présomption d’innocence est bafouée. » Pour lui, l’affaire est bel et bien politique : Paule-Emma A., dans ses mails, « raconte en 2010 qu’elle a subi des pressions des renseignements généraux, que le président de la République est prêt à lui payer le meilleur avocat de France pour déposer plainte contre Monsieur Ramadan, puisque le président veut le chasser. (…) Soit c’est une affaire d’Etat et il faut faire une enquête immédiatement, soit il faut s’interroger sur sa santé mentale », a expliqué l’avocat.
Tariq Ramadan sera auditionné le 5 juin prochain. L’avocat espère à cette occasion pouvoir rétablir quelques vérités. « Tariq Ramadan est impatient de pouvoir être entendu, de pouvoir s’expliquer de manière calme et sereine, assure-t-il. Il souhaite que sa cause puisse être entendue équitablement, et qu’on arrête de raconter n’importe quoi, y compris du côté de la magistrature. » Pour Emmanuel Marsigny, Tariq Ramadan est d’ores et déjà « présumé coupable. »