Lundi, au premier jour du mois de ramadan, les manifestants soudanais ont rompu le jeûne avec un menu de soupe et de ragoût de fèves. Malgré la chaleur et 14 heures sans boire ni manger, ils restent déterminés à poursuivre leur mouvement pour un pouvoir civil.
« Nous sommes en mesure de survivre au ramadan et à la chaleur », a déclaré Hassan Buchra, l’un des manifestants, à l’AFP au terme d’une journée qui a vu le mercure grimper à 45 degrés.
« Nous avions pu survivre aux balles et aux bombes du (président déchu Omar) el-Béchir et nous allons survivre à la chaleur », a-t-il ajouté. « Nous sommes des Soudanais, nous y sommes habitués ».
Par milliers, les manifestants campent 24 heures sur 24 devant l’immense complexe militaire, exigeant que les généraux qui ont pris le pouvoir après avoir évincé M. Béchir, se retirent et le rendent aux civils.
Il y a un mois jour pour jour, les manifestants ont pris possession du lieu, en demandant à l’armée de destituer l’ancien président.
Ce fut chose faite le 11 avril mais un Conseil militaire de 10 membres a remplacé l’ancien président, provoquant la colère des manifestants qui exigent depuis un gouvernement civil.
Et ils disent ne pas avoir l’intention de mettre fin à leur rassemblement en dépit des privations du ramadan.
« Nous luttons pour une cause, pour une administration civile, pour déraciner le régime et pour le départ du Conseil militaire formé de ses derniers représentants », a déclaré Abdelgadir Mohamed, avant d’effectuer la prière du soir.
M. Mohamed fait partie de ceux qui sont venus lundi au crépuscule au sit-in pour participer à l’iftar organisé par le groupe dirigeant le mouvement de protestation, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC).
Quelques heures auparavant, des bénévoles ont préparé de la soupe au poulet et du foul, un ragoût de fèves, présent à toutes les tables soudanaises.
A la rupture du jeûne, ils ont distribué de l’eau, des dates, du pain et des tapis de prière à ceux qui en avaient besoin. D’autres ont aspergé la foule d’eau pour atténuer l’effet de la chaleur.
« Les gens ont fait don de sommes d’argent » pour alimenter les banquets de l’iftar, a déclaré Anwar Mahmoud, un cuisinier.
« Nous continuerons à (monter ces banquets) tous les jours jusqu’à la fin du ramadan », a-t-il dit en manipulant une grosse marmite de soupe au poulet. D’autres, dans un élan de solidarité, ont apporté des plats cuisinés aux manifestants.
« Nous resterons ici pendant deux, trois ou quatre mois jusqu’à ce que le régime tout entier tombe », a souligné un manifestant en goûtant à sa soupe.
Un autre, Hossameddine Othman, s’est dit prêt à y rester même jusqu’au prochain ramadan.
« Nous mangerons, nous dormirons et nous prierons ici pendant tout le ramadan », souligne-t-il. « Nous resterons s’il le faut jusqu’au ramadan de l’année prochaine, jusqu’à ce que nos exigences soient satisfaites ».