De nombreuses critiques pleuvent (encore) sur M6. En cause cette fois, le traitement très amical réservé à Marine Le Pen dans l’émission « Une ambition intime » de Karine Le Marchand.
La « petite chaîne qui monte » est-elle finalement une sacrée réac’ ? On croirait presque voir en M6 du Eugénie Bastié : une jolie gueule, une jeunesse insolente mais des idées vieilles d’un demi-siècle. Après le scandaleux « Dossier Tabou » de Bernard de La Villardière, la chaîne a enchaîné avec « Une ambition intime », émission dans laquelle Karine Le Marchand recevait Marine Le Pen. On le savait, l’animatrice de « L’amour est dans le pré » n’allait pas parler de politique. Karine Le Marchand a préféré se concentrer sur la personnalité de la femme politique, façon « Vivement Dimanche ». La famille de la présidente du Front National parle ainsi de cette politique qui a eu « le courage » de virer son père du FN.
Marine et Karine, les deux copines ?
Marine qui explique son surnom de « night-clubbeuse », Marine qui parle de son enfance difficile à cause de sa filiation avec Jean-Marie, Marine qui lâche une larme… Le spectacle offert par « Une ambition intime » a permis de servir la soupe à une Marine Le Pen plus humaine. Même Drucker n’aurait pas osé, lui qui affirmait il y a peu : « Si je devais recevoir Marine Le Pen, je serais embarrassé. » Embarrassée, Karine Le Marchand ne l’a pas été. Mais elle assume. « Marine Le Pen a-t-elle sa place dans une émission de portraits de candidats à la présidentielle ? La réponse est oui. Ensuite, une fois qu’elle a accepté que je l’interviewe, dois-je la traiter de la même façon que les autres? Encore une fois, oui », assure l’animatrice. Changez le nom de Marine Le Pen par celui d’un dictateur ou d’un grand criminel, et vous aurez une idée de la portée de ce message.
On a d’ailleurs beaucoup reproché à Karine Le Marchand d’avoir « copiné » avec Marine Le Pen. « Ce n’est pas seulement scandaleux de copiner avec Marine Le Pen. A tout prendre, il est scandaleux de copiner avec n’importe quel candidat à une élection », écrit très justement Daniel Schneidermann sur Rue89. Ajoutant que « la télé peut rendre n’importe qui sympa et émouvant. C’est incroyablement facile. Mettez Trump, ou Poutine, ou Himmler, ou Mengele, devant n’importe quelle animatrice productrice d’effets de cils et de croisement de jambes, et vous aurez envie de le cajoler comme un Pokémon. » Avec une question qui se pose, celle de la responsabilité. Et dans cette histoire, M6 porte une lourde responsabilité.