Le mouvement de celui que l’on surnomme le « nouvel Hitler birman » — lui préfère qu’on l’appelle le « Ben Laden de Birmanie » — a été dissous par le clergé bouddhiste ce mardi, apprend-on dans La Croix. Accusé d’une cinquantaine de meurtres de musulmans, le moine bouddhiste extrémiste Ashin Wirathu avait fondé l’association Ma Ba Tha, l’association patriotique du Myanmar, en 2014 avec un objectif : défendre le bouddhisme theravâda en Birmanie. Les membres de ce mouvement ont jusqu’à mi-juillet pour mettre fin à leurs actions. La haute assemblée bouddhiste de Birmanie indique dans une lettre envoyée au gouverneur de Rangoon qu’« il est interdit pour toute personne ou groupe d’entreprendre quelque action que ce soit sous la bannière de Ma Ba Tha » et que « toutes les pancartes de Ma Ba Tha dans le pays doivent être retirées d’ici au 15 juillet au plus tard. »
S’il n’y a aucun doute, depuis la création de ce mouvement, du caractère raciste de Ma Ba Tha, les autorités bouddhistes ont pris cette décision seulement aujourd’hui pour éviter que la polémique n’enfle à travers le monde. La faute à un documentaire présenté au festival de Cannes — hors compétition — qui établit le portrait d’Ashin Wirathu, l’ennemi numéro un des Rohingya, la « minorité la plus persécutée au monde » selon l’ONU. La décision de la haute assemblée bouddhiste de Birmanie est un événement : soutenu par le régime birman, jamais inquiété, le moine extrémiste est désormais isolé. Aung Ko, ministre birman des Affaires religieuses, avait dénoncé l’été dernier la propagation de la part de Ma Ba Tha d’un « discours de haine pour créer des conflits entre les religions. » Il fallait donc agir, la communauté international s’inquiétant de plus en plus du sort réservé aux Rohingya — sans pour autant mettre le régime birman devant ses responsabilités. Le pape avait lui aussi appelé Aung San Suu Kyi, passive sur le sujet, à protéger la minorité musulmane de Birmanie. Il aura finalement suffi d’un film présenté à Cannes pour accélérer les choses. Preuve qu’au-delà du strass et des paillettes, le cinéma peut jouer un véritable rôle de pression politique.