Nicolas Sarkozy est-il derrière la prolifération des arrêtés anti-burkini ? Oui, à en croire une enquête de L’Obs, qui accuse le candidat d’avoir mis la pression aux maires des villes côtières.
Hier, L’Obs a sorti une enquête effarante sur les origines des arrêtés anti-burkini. Des proches de Nicolas Sarkozy et d’Eric Ciotti auraient incité les maires à prendre ces mesures pour pouvoir lancer leur débat sur l’identité. Et la méthode fut assez simple à mettre en place : un premier maire a envoyé un texte d’interdiction du burkini. Les autres élus ont logiquement suivi le mouvement. Tout est arrivé d’un maire proche d’Eric Ciotti, Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, une commune proche de Monaco. Celui-ci joue le rôle de « détonateur », comme l’indique l’hebdomadaire. Le 16 août, il envoie son arrêté municipal au préfet. Dès lors débute un « mouvement bien organisé » : quatre communes voisines de Cap-d’Ail suivent le mouvement. Puis d’autres municipalités.
Il y a eu des « donneurs d’ordres »
Et pour les maires qui ne prennent pas d’arrêté anti-burkini, L’Obs précise que « la pression est immense. » Certains élus signent même des textes à contre-cœur. « On nous a réclamé un soutien moral, il fallait montrer notre solidarité », explique l’un d’eux anonymement, quand un autre assure « qu’il y a eu un donneur d’ordres. » Derrière tout ça, l’entourage de Nicolas Sarkozy, bien décidé à montrer que le maillot de bain intégral a envahi les plages de France. Quitte à mentir. Une fois la machine lancée, le travail se fait même seul. « Je lisais que le burkini était interdit partout ailleurs et je me disais : ces femmes vont toutes venir chez moi », raconte à L’Obs le maire de Saint-Laurent-du-Var.
Avec du recul, les maires sont conscients d’avoir aidé Nicolas Sarkozy dans sa campagne sur l’identité nationale. Même Christian Estrosi, le maire de Nice peu habitué à se confesser, estime qu’avoir pris ces arrêtés « est un non-sens. » Du côté d’Eze, une commune de la Côte d’Azur, même son de cloche. le maire, Stéphane Cherki, indique avoir « peut-être fait une erreur. » Trop tard, la machine est, aujourd’hui encore, lancée à pleine vitesse. Car derrière l’arrêté anti-burkini, Nicolas Sarkozy veut mettre en route un texte interdisant le voile islamique dans les lieux publics. « Nous ne voulons pas de burkini sur les plages, nous ne voulons pas de voile, nous ne voulons pas de communautarisme, partout », résume le candidat à la primaire de la droite, qui a décidément bien joué cet été, pendant que d’autres étaient en vacances.