Le collectif Convergence des luttes avait organisé, pendant ces quatre derniers jours, une occupation pacifique de la place de la République à Paris. L’occasion pour les Français de crier leur ras le bol et leur indignation.
Et si les mouvement des Indignés arrivait enfin en France, cinq ans après son apparition en Espagne ? Les milliers de personnes qui se sont succédé pendant tout le week-end aux abords de la place de la République à Paris ont, en tout cas, symbolisé ce « sursaut citoyen » tant attendu dans l’Hexagone. En novembre dernier, un sondage indiquait que 83 % des jeunes Français n’ont pas confiance en la politique. D’après le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), 70 % des Français ne font « pas confiance » au gouvernement, soit autant que pour le président de la République.
Pas de récupération politique
Au départ, le mouvement « Nuit debout » se réunissait pour protester contre la loi Travail. Finalement, cette place de la République fut l’occasion pour de nombreux indignés de reprendre l’espace public, rêvant d’un autre modèle de société. Au final, les participants se sont mis à imaginer un possible « sursaut citoyen » à la façon des Indignés, en Espagne. Surtout que le mouvement a rapidement pris de l’ampleur : décidé il y a un mois et demi, cette « Nuit debout » — ou plutôt ces nuits — ont réussi l’exploit de réunir du monde en évitant la récupération politique.
L’économiste Frédéric Lordon est certainement l’un des symboles de ce grand rassemblement. Il a harangué la foule avec un discours très juste sur les luttes. « Voilà comment le pouvoir tolère nos luttes, locales, sectorielles, dispersées et revendicatives. Eh bien pas de bol pour lui, aujourd’hui nous changeons les règles du jeu », a-t-il lancé aux personnes présentes. Ce mouvement s’est même étendu à d’autres villes de France. Certains aimeraient que l’occupation des lieux symboliques comme la place de la République continuent encore cette semaine, pour montrer au gouvernement le pouvoir du peuple.
Comment leur faire peur ?
Reste que le mouvement ne veut pas se politiser. Pas de Podemos en vue, donc, en France. Mais l’objectif était, explique le collectif Convergence des luttes, de « leur faire peur », de « construire autre chose. » « A la question ‘Comment leur faire peur ?’, la réponse a été unanime : ‘Nous ne rentrerons pas chez nous après la manif du 31 mars’ », écrit le collectif. Le film « Merci patron ! », qui ridiculise Bernard Arnault, PDG de LVMH, a été diffusé. Et pour la suite ? Rien de défini. « On cause, on essaie d’inventer un truc, un point de fixation des espoirs et des luttes. » Mais surtout « faire entendre notre ras le bol de la politique gouvernementale, politique qui n’a de cesse de réduire nos droits sociaux, au seul profit des intérêts du patronat. » Le message semble avoir été audible… Reste à savoir s’il sera entendu.