De l’avis de tous les journalistes sportifs, le quart de finale aller de Ligue des Champions entre le Borussia Dortmund et l’AS Monaco promettait d’être explosif. Il l’a été, malheureusement pas dans le sens strictement footballistique du terme. Il était 19h15 ce mardi, et les locaux venaient tout juste de quitter leur hôtel et de prendre place dans le bus qui devait les emmener au stade, situé à une dizaine de kilomètres. Trois explosions ont alors retenti à l’extérieur du véhicule, et fait deux blessés : un agent de police et un défenseur du Borussia, Marc Bartra. Le match a évidemment été annulé et reporté et une enquête ouverte pour déterminer les responsables de l’attaque, au cours de laquelle un homme, qualifié d’islamiste, a été placé en détention hier. Mais ce matin, le bureau du procureur fédéral a fait savoir qu’aucune preuve ne permettait de relier Abdul Basset – le suspect de nationalité irakienne, arrivé en Allemagne début 2016 via la Turquie – avec l’attaque de mardi. Néanmoins, le procureur a émis un mandat d’arrêt contre l’Irakien de 26 ans pour son appartenance supposée au groupe Etat islamique (EI) dans son pays d’origine – un mandat qui devra être avalisé au préalable par la justice allemande.
Une liste d’attaques qui s’allonge en Allemagne
Selon le procureur fédéral, Abdul Basset était « membre d’une organisation terroriste étrangère » en Irak, où il dirigeait un commando composé de dix hommes et impliqué dans divers crimes : enlèvements, contrebande, extorsion de fonds et assassinats. La piste du terrorisme islamiste avait été évoquée mercredi après la découverte de trois lettres identiques sur le lieu des explosions, dont le message comprenait une double revendication : l’abandon par l’Allemagne de ses missions de reconnaissance Tornado au sein de la coalition internationale luttant contre l’EI et la fermeture de la base militaire aérienne américaine de Ramstein (à moins de 50 kilomètres de la frontière vosgienne). « Deux suspects islamistes se trouvent au centre de notre enquête ; leurs appartements ont été fouillés et l’un d’eux a été placé en détention », avait ainsi déclaré hier Frauke Koehler, porte-parole du procureur. Ce nouveau coup dur, qualifié par la chancelière Angela Merkel, « horrifiée », d’acte « répugnant », vient allonger la liste de cinq autres attaques enregistrées dans le pays depuis 2016, dont celle du marché de Noël à Berlin en décembre dernier demeure la plus meurtrière, avec 12 morts.