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Politique sans éthique n’est que ruine de la République

Dimension symbolique ou souci de transparence ?

Un président qui prend le train plutôt que l’avion, qui diminue son indemnité et celle de ses ministres et qui leur fait signer une charte de la déontologie pour être « irréprochable »… Les premières rustines de « la présidence normale » marquaient en 2012 le retour en surface de l’éthique en politique. Un an plus tard, le pneu éclatait avec l’affaire Cahuzac.  La restauration complète de l’éthique en politique ne peut plus attendre, le pouvoir en place décide alors de changer le pneu. Adoptée à l’automne 2013, la loi sur la transparence de la vie publique oblige tous les élus de premier plan à rendre publique leurs déclarations d’activités et à déposer en préfecture leur déclaration de patrimoine. Une Haute autorité de la transparence de la vie publique, chargée de valider et d’examiner ces déclarations, est également créée. La loi, adoptée en 2013 aurait-elle poussé Fillon à ne plus rémunérer son épouse en tant qu’assistante parlementaire ? Dans « l’affaire Pénélope Fillon » l’objet du reproche suit deux axes bien distincts : l’un purement légal, l’autre de nature morale. Le volet juridique a été longuement détaillé et vous trouverez sur ce site d’excellents articles. Intéresserons-nous à l’axe moral.

Halal, Makrouh, Haram ?!

Ne pas reconnaître que l’opinion des Français a changé sur les conditions des politiques est une erreur déjà commise après l’affaire Bygmalion et le déni continu à être total avec cet impardonnable faux-pas moral qui aurait dû disqualifier tout candidat à une fonction élective. L’éthique est très souvent manipulée dans les débats publics. Pour exemple, englué dans des soupçons d’emplois fictifs de sa famille, le candidat de la droite et du centre à la présidentielle a déclaré que sur le plan moral ou éthique, « ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’est plus aujourd’hui. » Ce discours « pol’éthique » épique nous amène à distinguer le « tolérable » de « l’illicite. » C’est typiquement l’argument toujours utilisé par les plus conservateurs pour bannir tout changement social, surtout lorsqu’il était en faveur des plus opprimés. Il a servi à justifier l’esclavage et sert toujours à justifier l’inégalité sociale, la discrimination raciale, l’assujettissement des femmes.

Servir sans se servir… ou pas

Depuis 1789, les citoyens attendent des responsables politiques qu’ils mettent tout en œuvre pour le bien public, reléguant au second plan leur bien propre. Faire passer l’intérêt de la collectivité avant l’intérêt personnel, les élus doivent savoir se sacrifier, être  vertueux et « avoir le sens du devoir. » Et pourtant la liste des élus condamnés par la justice et toujours en « activité » est sans fin. Détournement de fonds publics, abus de confiance, abus de biens sociaux, délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public, complicité d’escroquerie, prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, association de malfaiteurs et complicité d’obstacle à la manifestation de la vérité…Autant de condamnations de politicards qui portent encore et peuvent toujours porter l’écharpe à l’heure où j’écris.

Ce décalage grandissant entre les politiques et les citoyens se constate également à l’échelle de ma circonscription où Guy Geoffroy, porte-parole de François Fillon, député depuis 15 ans, déclare employer sa femme, collaboratrice parlementaire, et son fils, assistant parlementaire, sans trouver ces pratiques immorales. Éthique ? Et tac, sur sa déclaration d’intérêts et d’activités, ce retraité de l’Education nationale aurait perçu plus d’1,5 millions d’euros pour ses mandats politiques. Je vous laisse calculer l’équivalent en revenu universel. Et ce n’est pas fini, devinez qui gère la SCI « DG » qui est propriétaire de sa permanence à Brie Comte Robert… au jeu des 7 familles, je demande le père, la mère et le fils ! Sachez-le, une éthique en toc vous permet d’acquérir un patrimoine avec de l’argent public.

Ces contrats « famille en or », même légaux, viennent grossir les rangs des abstentionnistes ou alimentent en toute illogique un parti lui-même érigé sur la transmission père/fille. Il est loin le temps où le Président De Gaulle payait les repas pris par sa famille à l’Élysée.

Une réflexion en profondeur de l’écosystème politique doit être menée afin de réconcilier éthique et politique.

Une majorité silencieuse d’élus bénévoles

J’ai plusieurs fois échangé avec les habitants de ma commune pensant que tous les élus siégeant au Conseil municipal étaient indemnisés. Sachez que je ne perçois  aucune rétribution liée à mes mandats de conseiller municipal et communautaire. Je tiens ici à ouvrir une parenthèse et me faire le temps d’une tribune le porte-parole d’élus locaux qui par leur engagement et à l’image de nombreux bénévoles mènent des combats politiques sans toucher un seul centime d’argent public. Ils ont choisi de ne pas faire de la politique un métier en gardant une activité professionnelle et/ou associative. Ils sont pourtant l’écrasante majorité silencieuse de notre sphère politique se retrouvant à leur insu mêlés à ces affaires politico-financières. Se laisser aller au « Tous pourris ! » ne servira que le premier parti condamné de France et permettra à ces mêmes pourris de se faire réélire avec 30 % de participation.

Nous aurions raison de penser que la sphère politique concentre, comme d’autres d’ailleurs, des personnalités cupides ou malhonnêtes. Mais tout porte à croire que des contrôles inexistants favorisent chez certains l’adoption de comportements répréhensibles qui finissent par entrer dans les us et coutumes.

Alors, le SMIC pour les politiques, c’est pour quand ? Plus sérieusement, c’est une de nos 99 propositions portées par nos candidats aux législatives.

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