La course à la présidence de la République est bel et bien lancée. Lors de la campagne, on parlera beaucoup d’Islam et d’identité nationale. Les électeurs attendent pourtant autre chose des candidats…
En 2015, Manuel Valls assurait que « l’Islam sera un enjeu électoral pour 2017. » D’accord, mais pour qui ? Car si les postulants au poste de président de la République française ne cessent de multiplier les petites phrases sur l’Islam et sur l’identité nationale, les Français, eux, préfèreraient qu’on leur parle d’économie. En effet, selon une étude d’Elabe pour BFMTV, à la question « Dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, qu’est-ce qui compte le plus pour vous ? », une grande majorité de la population exhorte les politiques en campagne à leur parler d’économie et des problèmes sociaux de la France. Ils sont en effet 64 % à avoir cette position. Les thèmes identitaires et de sécurité sont eux, bien loin derrière en termes de préoccupation des Français.
De la « perte d’identité » de Le Pen à « l’identité heureuse » de Juppé
Ces deux dernières thématiques représentent simplement une priorité pour les sympathisants du Front National, qui préfèrent pour 76 % d’entre eux qu’on leur parle de sécurité et d’identité nationale plutôt que d’économie. Après un été marqué par des débats incessants sur le port du burkini, puis une rentrée placée sous le signe des « gauloiseries » de Nicolas Sarkozy, du côté des électeurs de la gauche, ils ne sont que 16 % à vouloir qu’on leur fasse des propositions liées à l’identité française, à la sécurité ou encore à la lutte contre l’Islam radical. Il n’en fallait pas plus pour motiver Marine Le Pen à évoquer la « perte d’identité » dans le pays, quand Alain Juppé, lui, préfère parler d’« identité heureuse. » Un choix gagnant ? En tout cas, les seuls qui estiment que c’est de l’immigration, de l’ordre et de l’Islam dont il faut s’occuper, ce sont bien les politiques et non les Français selon ce sondage. De quoi énerver un électorat qui attend, pour 2017, des solutions à leurs soucis quotidiens, mais également certains candidats qui sentent que le débat risque de voler bien bas jusqu’à mai 2017. Dans un tweet sèvre à l’encontre de son rival à la primaire de la droite, Alain Juppé dénonçait à ce propos la « nullité du débat politique que soulèvent certains à droite et à gauche », visant directement Nicolas Sarkozy pour son débat sur les Gaulois.