Alors que le « QatarBan » bat son plein, permettant à l’Arabie saoudite de faire le tri entre ses alliés de la première heure, arabes (Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Yémen, Egypte) ou non (Maldives, Sénégal), et bravant le mutisme – au final complice – des pays du Maghreb, Mohamed VI a exprimé concrètement sa solidarité avec le Qatar. Le roi du Maroc a en effet décidé d’envoyer des avions chargés d’aliments au petit émirat du Golfe persique, lésé depuis maintenant une semaine par la rupture des relations diplomatiques et commerciales par et avec ses plus proches voisins et partenaires économiques. « Sur instruction de Sa Majesté le roi Mohamed VI, le royaume du Maroc a décidé d’envoyer des avions chargés de produits alimentaires à destination du Qatar », a ainsi annoncé hier soir, par voie de communiqué, le ministère des Affaires étrangères marocain.
Pas de remise en cause des « liens de fraternité » avec les membres du CCG
Un geste fort, que le Palais veut seulement baser sur les valeurs islamiques de partage et de solidarité, des valeurs qui prennent un tout autre relief en ce mois saint de Ramadan. Le texte du communiqué entend le souligner : « [Cette décision] n’a rien à voir avec les aspects politiques de la crise entre le Qatar et d’autres pays frères. » Pour tenter de lever tout doute sur sa neutralité du royaume chérifien, un second communiqué émanant du ministère insiste sur sa volonté de non-positionnement, préférant mettre l’accent sur « les relations de fraternité sincère » entre Mohamed VI et les gouvernants des pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). « Le Maroc n’a pas besoin de fournir une preuve ou de confirmer sa solidarité permanente avec les pays frères du Golfe, qui s’est manifestée depuis la première du Golfe à travers son soutien à la souveraineté des Emirats Arabes Unis sur ses trois îles, la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, la solidarité avec Bahreïn et sa participation dans la coalition arabe pour revendiquer la légitimité au Yémen ». Même si le Maroc s’échine à rappeler que sa « principale préoccupation est de consolider la stabilité de ces pays » pour préserver ce « modèle de coopération régionale réussi » – mais dont le Royaume ne fait pas partie, ni n’y est associé – nul doute que l’initiative de Rabat sonne comme un signe de non allégeance aveugle à la toute-puissante Arabie saoudite. Laquelle compte certainement les points…