Alors que Marine Le Pen pointe le bout de son nez à l’Elysée, le front républicain se met tout doucement en place. Un peu plus fissuré qu’en 2002, certes. Certains appellent logiquement à voter Emmanuel Macron, de Martine Aubry à Benoît Hamon, en passant par Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et même… Jean-François Copé. De droite à gauche, le front anti-Le Pen se construit. Mais, plus étonnant, plusieurs personnalités ont décidé de se prononcer en faveur d’Emmanuel Macron alors même qu’elles ont véhiculé, des mois voire des années durant, les idées nauséabondes du Front National. C’est notamment le cas de Manuel Valls. L’ancien Premier ministre, qui n’a cessé de diviser les Français, est aujourd’hui l’un des premiers à appeler au front républicain. Voilà plusieurs années que l’ancien maire d’Evry nourrit le FN : la proposition de déchéance de nationalité, c’est son gouvernement qui a voulu la mettre en place. Le débat sur le voile, c’est Manuel Valls qui l’a symbolisé. La justification des contrôle au faciès aussi, alors qu’il s’agissait d’une des propositions de François Hollande. La fronde contre le halal, Valls l’a menée lorsqu’il dirigeait sa ville. Et que dire du soutien de l’ex-Premier ministre aux maires ayant pris un arrêté anti-burkini ?
Après le 7 mai, prendront-ils leurs responsabilités ?
En pyromane repenti, Manuel Valls tente donc d’étouffer l’incendie, alors que les flammes ont déjà envahi notre pays. Et il n’est pas le seul : dans un communiqué, le Printemps républicain appelle lui aussi à voter en faveur du candidat d’En Marche ! pour faire barrage au Front National. Le Printemps républicain, c’est cette fronde laïciste menée par plusieurs personnalités controversées : Fatiha Boudjahlat, secrétaire nationale du Mouvement républicain, lors de l’inauguration de l’association, avait par exemple déclaré qu’elle ne voulait « pas que les enfants s’habituent au voile » et proposait de l’interdire lors des sorties scolaires. Amine El Khatmi, élu d’Avignon, qui avait mis en pâture une élue voilée, estimait de son côté que, « en tant que musulman pratiquant, je réserve la pratique de ma foi à la sphère privée, dans la sphère publique et politique, je ne reconnais que la République. » Les membres du Printemps républicain ont voulu neutraliser la religion dans l’espace public. Des sorties que même le FN a mis du temps à faire. Et aujourd’hui, non sans une certaine condescendance, tous appellent à faire barrage au parti qui porte, notamment concernant la laïcité, des idées proches des leurs. Marianne, magazine qui soutient ce Printemps Républicain, a également lancé sa consigne de vote. Renaud Dély appelle dans le magazine à, « bien sûr voter Emmanuel Macron. » Après avoir pointé du doigt, comme le FN, les musulmans de France. Il reste cinq jours avant de savoir si le front républicain aura réussi ou échoué. Mais après le 7 mai, il sera temps pour Manuel Valls, le Printemps Républicain, Marianne et les autres de faire leur introspection. Et, s’ils en ont le courage, de mesurer leur responsabilité dans la montée du Front National ces dernières années.