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Le FMI s’ingère dans la finance halal

Dans son rapport paru, lundi 6 avril 2015, le Fonds monétaire international a estimé que le secteur de la finance halal doit être plus régulé et mieux harmonisé pour réussir son développement. Selon l’institution financière, le secteur nécessite des structures de contrôle répondant à ses risques spécifiques. Les pays musulmans tels que le Maroc, l’Algérie ont fait leurs premiers pas dans ce sens mais la finance islamique risquerait de pâtir de l’absence d’un vrai cadre régulateur. 

La finance halal : le diagnostic du FMI

La finance halal offre aux musulmans des modalités de financement conformes à la Chariaa, la loi islamique. Ainsi, le fidèle peut souscrire un contrat de Murabaha, Ijara ou Istisna mais aussi contracter des Sukuks. L’objectif est d’éviter le recours au taux d’intérêt, qui est assimilé à l’usure, et les produits ayant une incertitude excessive. Dans son rapport, le FMI souligne le «besoin de davantage d’harmonisation et de clarté dans la régulation, d’une plus grande coopération entre les personnes chargées d’établir les normes dans la finance islamique et conventionnelle, et d’une amélioration des outils pour une supervision effective». Le gendarme financier international note également que la finance halal évolue dans un environnement où les lois et les infrastructures financières sont soit inadaptées soit absentes. Bien que les organismes financiers régulateurs aient mis en place des normes et des dispositifs de contrôle, on est encore loin d’un fonctionnement harmonisé. Ceci est dû principalement aux divergences dans les interprétations des textes religieux.

Une mine d’or peu exploitée

En quatre ans, le poids de la finance halal a doublé pour atteindre les 2.000 milliards de dollars (1800 milliards d’euros). Quelque 40 millions des 1,6 milliards de musulmans dans le monde ont déjà eu recours à un produit financier halal. Ce marché n’était qu’une niche au début des années 70. De ce fait, le FMI souligne, dans son rapport, le potentiel inexploité de ce secteur. Selon l’institution financière, la finance halal pourrait apporter un grand soutien aux petites et moyennes entreprises. Elle peut également booster les investissements dans les infrastructures publiques à travers les Sukuks. Selon le FMI, ce financement halal pose un risque moindre que la finance conventionnelle, du moment qu’il interdit la spéculation et prône un partage des risques.

La course au halal

Conscients du potentiel de la finance halal, certains pays musulmans ont décidé de s’y  lancer. Au Maroc, pays où le halal est en plein boom, un Sharia Board a été créé. Cet organisme est chargé de superviser les organisations financières islamiques, un nouveau pilier du développement de la finance islamique du pays. En Algérie, BNP Paribas s’est mise au leasing halal en proposant l’Ijara. Il s’agit d’un contrat apparenté à un contrat de location avec option d’achat conforme aux préceptes de l’islam. La finance halal est aussi un concept qui s’exporte aux pays non-musulmans. Le Royaume-Uni et le Luxembourg ont émis des Sukuks pour leur clientèle. A son tour, le Brésil a trouvé dans la finance islamique une alternative pour doper son économie à travers le lancement d’un fonds d’actions compatible avec la loi islamique. A sa suite, le gouvernement britannique a décidé d’approuver des prêts halal en accord avec la loi coranique en vue d’encourager les étudiants musulmans à rejoindre les universités britanniques. La France, toujours fidèle à ses traditions, reste réticente et méfiante. Cette crispation envers la finance halal est étonnante, vu que les principes de la finance islamique séduisent le monde entier.

Source (ici)

 

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