A Mayotte, 95 % des habitants sont musulmans. Mais sur l’île française, on vit entre laïcité et religion presque sans problème. Preuve que République et Islam sont compatibles.
Loin de débats passionnés de la Métropole sur l’Islam, Mayotte vit au rythme de la religion. Sur cette île, 95 % de la population est musulmane. En mars 2011, Mayotte est officiellement devenu le 101e département français. Mais la laïcité a commencé à prendre peu à peu sa place depuis quinze ans. Mayotte, alors collectivité territoriale de la France, met fin à la répudiation unilatérale et l’âge légal du mariage est porté à 18 ans. En 2003, la polygamie est abolie. Sept ans plus tard, le cadi perd son statut de juge des paix, lui qui réglait les litiges selon les règles musulmanes et coutumières de l’île. Même si, dans les faits, la population fait toujours appel à ces cadis.
L’Islam s’accommode de la République
Dans Le Monde, le préfet Hubert Derache assure : « Nous avons ici un Islam qui s’accommode très bien de la République. » Le préfet assure qu’« il y a une forte opposition à toute radicalisation. » Mais on peut vivre en République et prendre soin de ses citoyens. A Mayotte, aux jours fériés en vigueur en Métropole viennent s’ajouter plusieurs fêtes musulmanes. Les horaires de travail sont même adaptés en période de ramadan dans les administrations et dans certaines sociétés privées. Pour Faouzia Cordji, présidente d’une association de défense des droits des femmes, « ce n’est pas avec des lois que le respect (de la laïcité) s’impose. La différence, c’est ce qui fait la richesse. »
On est loin de la France métropolitaine et de cette mise à l’amende de l’Islam. « La façon dont l’Islam s’intègre ici dans la République devrait servir d’exemple en métropole ! », estime Thani Mohamed Soilihi, sénateur socialiste de Mayotte. Mais sur ce petit département, on sait qu’à défaut d’être attentives à la situation sociale, les autorités ont un œil sur l’évolution de la laïcité. « On passerait à côté de tout si on ne respectait ni la loi, ni la culture à Mayotte », explique un proviseur au Journal de Mayotte. « Le but n’est pas de faire des laïcards ! », dit-il. Visant sans les nommer les laïcistes de Métropole.