samedi 23 novembre 2024
3.9 C
Paris

« Wonder Woman », festival Mwasi : la non-mixité, une nécessité

Voilà une affaire de non-mixité qui a fait, en France, bien moins de bruit que celle du festival afroféministe Mwasi. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, elle a provoqué un tollé. Avant la sortie de « Wonder Woman », plusieurs cinémas américains ont en effet organisé des projections de ce film exclusivement réservées… aux femmes. Ces séances, qui doivent se dérouler demain, ont un objectif politique : dénoncer le sexisme latent et permettre de récolter des fonds pour le Planning familial américain, que le président Donald Trump voudrait bien voir disparaître. La non-mixité peut choquer, mais ce nouvel épisode est l’occasion de rappeler qu’elle a toujours été essentielle dans les différentes luttes. Comme l’explique Christine Delphy, sociologue spécialiste des questions sur le genre, cette non-mixité choisie est une réponse à la non-mixité non choisie, celle qui a longtemps prédominé et qui dure encore. Que ce soit pour les femmes ou pour les personnes racisées.

La non-mixité pour libérer la parole

« Dans les années 60, elle a d’abord été redécouverte par le mouvement américain pour les droits civils, qui, après deux ans de lutte mixte, a décidé de créer des groupes fermés aux blancs. C’était — cela demeure — la condition pour que leur expérience de discrimination et d’humiliation puisse se dire, pour que la rancœur puisse s’exprimer — et elle doit s’exprimer », résume Christine Delphy. Que ce soit en matière de racisme ou de féminisme, la non-mixité est donc un moyen pour les personnes qui en sont la cible de dialoguer librement, mais surtout de s’émanciper enfin. Pour Caroline de Haas, cofondatrice de l’association Osez le féminisme, pour l’avoir testée, la mixité « ne garantit pas l’égalité. » Et à ceux qui lui reprochent un racisme ou un sexisme inversés, la féministe répond : « Vous comparez une réunion d’une durée limitée, rassemblant un nombre restreint de personnes à un système politique, économique, social dans lequel nous vivons chaque jour ? » CQFD.

Féminisme vs. féminisme des dominantes

Car c’est bien là le nœud du problème : comment peut-on critiquer des réunions non-mixtes en omettant les discriminations structurelles qui ont droit de cité dans notre société ? Nous vivons dans une société dans laquelle on rappelle systématiquement aux femmes qu’elles sont des femmes, aux Noirs qu’ils sont des Noirs ou aux musulmans qu’ils sont musulmans. Et dès qu’une réunion en non-mixité a lieu, c’est le scandale. En s’érigeant contre des réunions de femmes ou de femmes noires en non-mixité, les délateurs accusent les victimes de discriminations de tous les maux. Pour la simple raison qu’ils perdent le contrôle des choses. Pour le festival Mwasi, ces délateurs font partie du « féminisme des dominantes, qui estiment incarner à elles seules la défense des droits des femmes, mais oublient — ou refusent de voir — la complexité du réel, ou bien n’acceptent pas que d’autres voix que la leur se fassent entendre », comme l’explique Marie-Cécile Naves dans une interview à relire ici.

Actualités en direct

Pourquoi de nombreux musulmans hautement qualifiés choisissent-ils de quitter la France ?

L'étude "La France, tu l’aimes mais tu la quittes"...

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Les brèves

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Israël : la fin de l’impunité ?

Des juges britanniques demandent au Premier ministre Sunak de stopper la vente d'armes à Israël et lui suggèrent de sanctionner les responsables israéliens.

Espagne : vers la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le gouvernement espagnol veut reconnaître l'Etat palestinien avant l'été. L'annonce est prévue pour le 9 juin.

Sur fond de génocide en Palestine, l’iftar de la Maison-Blanche annulé

Les invités de l'iftar de la Maison-Blanche ont refusé de rompre le jeûne avec le président Biden qui doit, selon eux, revoir sa position sur Israël.

Editoriaux

Nos Categories